Accueil » Bouteille à la mer

Bouteille à la mer – « Opsis » ( OVNI 435 ) aux USA

22 août 2011

Récit de voyage

« Opsis » – Ovni 435

Bouteillàlamer 2011-06, Boston, Massachusett MA (USA), 21.08.2011
Bonjour à tous, bon dia tots,
Autant vous le dire tout de suite: on est tombés amoureux. Amoureux de la Nouvelle Angleterre et, particulièrement du Cap Cod et de ses îles. Nous venons d’y passer plus de trois semaines et c’est un des plus beaux parages où nous ayons jamais navigué.
Vous trouverez ci-après la carte de notre navigation entre New York et Boston.

pict1boute2011-06.jpg

La nouvelle Angleterre commence là où se termine le détroit de Long Island. C’est une région chargée d’histoire (berceau de l’indépendance des USA et le plus grand centre baleinier au monde aux XVIIIème et XIXème siècles) et qui a gardé une réelle authenticité.
En plus, la navigation peut y être magnifique. En effet, en combinant harmonieusement vent et courants de marée, les traversées sont de très beaux moments de voile. Ainsi nous avons fait une superbe traversée entre Woods Hole et Nantucket à plus de 9 noeuds de moyenne sur le fonds avec un vent de 12-15 noeuds par le travers et un courant de marée favorable.
Les possibilités d’escales sont nombreuses et variées. Il y a les îles dont on vous parlera plus loin mais aussi de nombreux estuaires où, en remontant la rivière sur un ou deux miles, on trouve un mouillage où règne une tranquillité totale seulement troublée par la présence de quelques canards et où l’eau claire incite à la baignade.
C’est le cas de Judith Point dont l’embouchure se situe entre les villages de Jérusalem et Galilée (ça ne s’invente pas !).
Après avoir quitté la baie de Long Island, notre première escale en Nouvelle Angleterre fut Mystic. Ce fut la première escale dans les nombreux ports baleiniers qui ont fait l’histoire et la fortune de ces côtes. Mystic, maintenant, est devenu une ville-musée avec une belle brochette de navires anciens à flot, des reconstitutions d’ateliers et de chantiers navals d’époque. Les vieux navires naviguent encore pour le plaisir des touristes comme, par exemple ce vieux vapeur de la fin du XIXème siècle dont la chaudière est d’origine… et le montre bien .

DCF 1.0

Puis se furent les îles du Cap Cod, d’ouest en est: l’archipel Elisabeth, Martha’s Vineyard et Nantucket.
L’archipel Elisabeth est un chapelet d’îles au sud-est du détroit de Woods Hole dont seule Cutty Hunk est habitée par quelques pêcheurs qui, le soir, vendent sur le quai le produit de leur pêche. Là, le homard se négocie à 9 dollars l’unité (soit 7,50 CHF ou 6,80 €), alors pourquoi se priver .Puis ce fut Nantucket. Nantucket est une île mythique. Ce fut le plus grand centre baleinier au monde de 1750 à 1850. Les colons, essentiellement des Quakers, qui s’y installèrent en 1659 essayèrent d’abord, sans succès, d’élever des moutons, puis ils se firent pêcheurs de morue. De temps en temps, quelques baleines venaient s’échouer et ils s’aperçurent que les produits qu’ils en tiraient (ambre gris, graisse pour bougies, fanons pour les « baleines de corset » et les parapluies) leur rapportaient bien plus d’argent que les morues. Alors ils allèrent chercher les baleines au large puis, de plus en plus loin jusque dans le Pacifique (lire « Moby Dick », d’Herman Melville dont le récit commence à Nantucket et aussi « Pawana » de Jean-Marie Le Clezio). Les bateaux baleiniers partaient pour des expéditions qui pouvaient durer jusqu’à quatre ans.
Ils ne rentraient que si le bateau était complètement chargé des produits tirés des baleines. Hors des officiers, l’équipage était formé de Portugais (l’influence portugaise se fait encore bien sentir, dans la religion et la nourriture), de Cap-verdiens et de gamins pauvres des grandes plaines des Etats-Unis dont la petite taille leur permettait d’entrer dans les intestins des baleines mortes pour en extraire l’ambre gris. Au retour des expéditions, ces gamins, devenus des hommes, rentraient chez eux avec suffisamment d’argent pour s’acheter une ferme. Les baleiniers de Nantucket vendaient aussi leurs produits en Angleterre mais à l’approche de l’indépendance ils durent diversifier leurs débouchés. C’est ainsi qu’ils ouvrirent un comptoir à Dunkerque, en France. C’est d’ailleurs l’atelier de fabrication de bougies de ce comptoir qui figure comme illustration du chapitre bougies de l’Encyclopédie de Diderot et le musée local n’est pas peu fier de montrer une copie de la page en question ! Puis, vers la moitié du XIXème siècle, le chenal d’entrée s’ensabla, le pétrole remplaça les bougies pour l’éclairage et, en 1846, la ville de Nantucket fut à moitié détruite par un incendie. C’en était fini de l’âge d’or de la pêche à la baleine. Toutefois l’île vivota peu de temps car elle fut vite découverte par les touristes riches de New York et de Boston ainsi que sa voisine Martha’s Vineyard. Mais, contrairement à celle-ci, Nantucket a su garder son âme. Elle a continué à vivre dans l’imaginaire marin et on a tous lu ces récits de bateaux perdus dans le brouillard et essayant de distinguer les phares de Nantucket qui les guideront hors des récifs. C’est encore ces mêmes phares qui indiquent aux voiliers de la Transat anglaise en
solitaire que l’arrivée à Newport est proche. Les parages de Nantucket sont parmi les endroits où la navigation est la plus dangereuse au monde. Hauts-fonds, bancs de sables mouvants, brouillard, tempêtes soudaines s’y conjuguent pour le malheur des navigateurs.

DCF 1.0

Sur la photo du dessus , les points rouges indiquent les naufrages qui s’y sont produits de 1870 à 1998 et les zones en bleu représentent les hauts-fonds ! Et même, malgré les moyens modernes comme le radar, ces parages sont restés dangereux. On se souvient du naufrage en 1956 du paquebot italien « Andrea Doria » abordé au sud de Nantucket en plein brouillard par un cargo brise-glace suédois qui déchira de son étrave renforcée tout le flanc tribord du paquebot lequel coula en 11 heures. Il y eut heureusement peu de victimes car le paquebot français « Île-de-France » était proche et put sauver la plupart des passagers et l’équipage. Même en été, il y a du brouillard à Nantucket. Une journée météo typique à Nantucket, telle que celles que nous avons connues, se déroule ainsi: le matin vous vous réveillez dans un silence cotonneux seulement brisé à intervalles réguliers par les cornes de brume du chenal d’entrée du lagon et depuis le cockpit vous découvrez l’ambiance mystérieuse du mouillage noyé dans le brouillard .

DCF 1.0

Vers 10 heures le brouillard se lève, et ceci même s’il n’y a pas de vent. On peut
alors aller se promener au village ou sur la lande et admirer les typiques et belles maisons en bois aux murs couverts de bardeaux (ou « tavillons » comme on dit dans les Alpes) .

DCF 1.0

Puis, vers midi, le vent se lève (quelle que soit sa direction) et deux possibilités se présentent pour le reste de l’après-midi: soit le ciel reste dégagé et le vent diminue dans la soirée, soit le ciel se couvre et c’est rapidement la tempête avec beaucoup de pluie et des vents dépassant souvent les 30 noeuds au mouillage. Tempête qui, elle aussi, se calme dans la soirée. Alors, tempête ou pas, vous pouvez aller vous coucher tranquille, sauf que… vers 22-23 heures les cornes de brume se remettent à mugir, vous jetez alors un coup d’oeil depuis le cockpit et là, c’est à peine si vous distinguez votre voisin de mouillage ! Malgré cela, ou à cause de cela, il y a à Nantucket une ambiance très attachante, une atmosphère authentique, avec ses maisons typiques qu’aucune construction moderne ne dépare, ses quais en bois qui semblent encore attendre les baleiniers, ses étendues de landes sauvages, ses étangs côtiers et ses falaises.

DCF 1.0

Une île qui subit des tempêtes terribles en hiver et qui, chaque année, voit ses rivages reculer d’à peu près un mètre !
Nous avons fait aussi une brève escale à Martha’s Vineyard, l’île voisine, celle des millionnaires et des romans de Mary Higgins Clark ! C’est dans le petit port d’Edgartown que nous avons jeté l’ancre, un endroit coquet et cossu plus Deauville que Camaret !
Ce qui nous amène au moment tant attendu de notre grand concours annuel. Voici donc la question: pour quel film très célèbre des années 70 Edgartown a servi de décor ? Vous ne voyez pas ? Alors voici une indication supplémentaire (là on vous aide vraiment beaucoup !): dans ce film Edgartown s’appelait Amity. Toujours pas de réponse ? Regardez la photo , cela va surement vous rappeler quelque chose.

DCF 1.0

La suite de notre navigation au Cap Cod sera pour la prochaine Bouteillàlamer et, là, il y aura un moment extraordinaire. Mais patience !
En attendant, on vous embrasse tous, una forta abraçada.
Isa et Jo