Accueil » Bouteille à la mer

Bouteille à la mer – « Opsis » ( OVNI 435 ) aux USA

1 juillet 2012

Récit de voyage

« Opsis » – Ovni 435

Bouteillàlamer 2012-03, Palm Beach, Florida, 24.06.2012
Bonjour à tous, bon dia tots,(… un salut humide car il pleut des cordes -« it rains cats and dogs »- sur Palm Beach, un vrai déluge et qui dure depuis quelques jours…).Eh oui, vous avez bien lu: Palm Beach, Florida. Lors de la dernière Bouteillàlamer nous vous annoncions que la prochaine vous parviendrait des Bahamas… mais les choses ne se sont pas du tout déroulées comme prévu. Mais revenons là où nous vous avions laissés, c’est à dire au nord de la Floride .
Ensuite, nous avons quitté St. Augustine le 31 mai, avons abandonné là-bas les grâcieuses aigrettes qui venaient se reposer sur nos
amarres et avons entrepris la descente vers le sud de la Floride pour traverser ensuite vers les Bahamas.

DCF 1.0

Nous avons donc poursuivi notre route en continuant à naviguer sur l’Intra Coastal Waterway (ICW), évitant ainsi d’avoir le Gulf Stream dans le nez et nous permettant de continuer, lors des escales, notre exploration de l’Amérique profonde. La navigation sur l’ICW n’est pas toujours facile, surtout cette année où le mauvais temps semble
être la règle. En particulier les grains y sont soudains et très violents. D’un seul coup le vent se lève et les rafales peuvent facilement atteindre les 40 noeuds, la pluie s’abat violemment tandis que les embruns volent sur la surface de l’eau et que la visibilité se réduit à quelques centaines de mètres .

DCF 1.0

Cela dure rarement plus d’une demi-heure mais cela suffit à faire déraper le bateau si l’on est au mouillage ou à rendre particulièrement délicate la conduite de celui-ci dans le chenal étroit de l’ICW quand on est en navigation. (… et il continue à pleuvoir sur Palm Beach, et pas qu’un peu. Quand on pense que nos amis se plaignaient de la sècheresse en Floride, maintenant ils sont gâtés…)
On approfondit chaque jour notre connaissance de cette Amérique
profonde. Au cours de nos rencontres mais aussi en lisant et écoutant les informations locales on a découvert, cette fois-ci, que l’américain moyen (celui qui va voter Romney et qui pense que le monde entier parle anglais) est un passionné de technique mais, en revanche, ne croit pas à la science. On s’explique. La technique crée des objets de consommation immédiatement accessibles par tout un chacun et qui, en général, vont dans le sens de certains aspects de
l' »american way of life »: le consumérisme compulsif, le confort à tout prix, la fascination pour la nouveauté et l’individualisme forcené. La science, elle, questionne, remet en cause des valeurs, des croyances. Bref, elle dérange. La science crée du savoir, un savoir qui ébranle souvent deux piliers de ce même « american way of life »: la religion et
le libéralisme économique. Un exemple frappant nous en a été fourni ces derniers temps en Caroline du Nord. Une vaste étude a été menée ces dernières années aux USA pour redéfinir les zones inondables en fonction des risques de changement climatique. Cette étude a montré que, pour la Caroline du Nord, 5000 km carrés seraient affectés et donc ne devenaient plus constructibles. Levée de boucliers des représentants au Sénat local des 20 comtés côtiers de cet état. Jugeant que le catastrophisme était mauvais pour les affaires et qu’il ne fallait pas s’appuyer sur « des modèles informatiques basés sur de simples hypothèses humaines », ils veulent faire passer une loi disant que la définition de nouvelles zones inondables ne s’appuiera désormais sur aucun modèle scientifique de climatologie mais devra seulement être extrapolé à partir des relevés historiques de niveau de la mer effectués depuis 1900. Quant à l’extrapolation elle-même, il s’agira d’une simple ligne droite prolongeant la tendance passée et « n’inclura pas de scénario prévoyant une accélération de la montée du niveau des océans » !!!! … Il faut dire qu’ils ont été grandement appuyés par un sénateur
républicain de l’Oklahoma, James Inhofe, qui a expliqué que Dieu ne permet pas le changement climatique. A l’appui de cela, il a cité un passage de la Genèse : « Tant que la terre subsistera, les semailles et la moisson, le froid et la chaleur, l’été et l’hiver, le jour et la nuit ne cesseront point. » Il a déclaré : « Dieu est toujours là-haut. Je suis
scandalisé par l’arrogance des gens qui pensent que nous, êtres humains, serions capables de changer ce qu’Il fait avec le climat. »… et hop, tant qu’à faire brûlons Galilée, Newton, Darwin (surtout Darwin, ce salaud qui a remis en question la création), Pasteur, Einstein, etc.  !!!(… il pleut de plus en plus sur Palm Beach mais cette pluie nous permet de vous dire qu’il y a aussi des aspects très attachants chez ces Américains moyens. Ainsi ce matin, entre deux averses nous traversions la ville pour en visiter le musée. Mais la pluie nous a surpris en chemin. Nous en avons profité pour
nous réfugier et déjeuner dans un petit restaurant. A la fin du repas il pleuvait toujours à verse. La patronne s’approche de nous et demande où nous allons. « Vous allez au musée ? Mais il pleut, mon fils va vous y accompagner en voiture ». Dix minutes plus tard le fils en question nous déposait avec un large sourire au musée ! C’est pour ce genre d’attitude qu’on aime les Américains malgré tout… )
Revenons à OpSIS. Il était donc prévu que nous naviguerions 3-4
semaines aux Bahamas, nos neveux venant nous rejoindre pendant une semaine, puis une amie pendant une dizaine de jours. L’itinéraire prévu était un aller-retour entre Freeport et Nassau avec des mouillages « de rêve » le long de l’archipel des Berry Islands. Le jeudi 7 juin, nous avons quitté Palm Beach, en Floride
et avons eu une bonne traversée au près vers Port Lucaya (la marina de Freeport). Le  lundi 11 nous mettions le cap avec nos neveux vers les Berry Islands. Soit un trajet de 55 miles nautiques avec un vent de face de 10-15  noeuds. Donc au moteur. Au bout d’une heure la température du moteur approchait le niveau d’alarme. Décision fut prise de faire demi-tour. Nous nous sommes amarrés à la marina de l’Ocean Reef Yacht Club, un club de vacances très sympathique
et beaucoup moins cher que Port Lucaya. Là, nos neveux ont plongé, découvert un écheveau de fils de nylon enroulés autour de l’axe de l’hélice et ont constaté que de l’anode d’hélice il ne restait pratiquement que la vis ! On a remis une anode neuve, dégagé l’hélice et vérifié que le circuit de refroidissement par eau de mer n’était pas en cause. Après cette journée à Ocean Reef, on décide de repartir vers les Berry Islands le lendemain… et la même chose se
reproduit: le moteur surchauffe. On fait demi tour et retournons à Ocean Reef, moteur au ralenti. Les réparations aux Bahamas étant très problématiques, décision est prise de rester à Ocean Reef pendant la semaine de vacances de nos neveux, de demander à notre amie Catherine d’annuler son voyage et, nous, de rentrer en Floride dès qu’une fenêtre météo permettra de le faire sans devoir solliciter le moteur. Ce séjour d’une semaine à Ocean Reef a, malgré tout, été
agréable. D’abord grâce à la sympathique présence de nos neveux. Mais aussi on a eu tout le temps de visiter l’île de Grand Bahama. En fait une île en forme de « S » horizontal de 120 km de long avec seulement trois agglomérations: à l’ouest le complexe touristique de West End, plus à l’est, la capitale Freeport (créée en 1958), son port commercial et ses complexes touristiques environnants puis, tout à l’est, le village de McLeans haut-lieu de la pêche sportive. Entre
ces agglomérations: rien, si ce n’est une vaste forêt de pins mais bizarrement parsemée de panneaux indicateurs comme
ce « stop » perdu entre deux sentiers ou, encore, ce panneau de bienvenue pour un village… qui n’existe pas!

DCF 1.0

DCF 1.0

Les banlieues résidentielles de Freeport sont, quant à elles, une remarquable concentration de demeures plus prétentieuses les unes que les autres et surtout d’un parfait mauvais goût, telle celle-
ci à la clôture et au portail ornés de statues de lions .

DCF 1.0

Il faut dire aussi qu’il a fait beau temps pendant cette semaine-là (… au contraire de la pluie qui ne cesse de tomber actuellement sur Palm Beach !… ) et notre neveu a pu assouvir sa passion de la pêche par une journée de pêche au « Bonefish » (tarpon, en français) à McLeans mais aussi lors de sorties en annexe , attrapant Barracudas et Red Snappers. Malheureusement l’une et l’autre espèces étant contaminées par la ciguaterra (une toxine virulente) il n’était pas
question de les manger. On a aussi bien profité de la piscine d’Ocean Reef et des cocktails lors des « happy hour » .
(… il pleut toujours et la radio vient de s’interrompre pour annoncer l’arrivée imminente d’une violente tornade à Riviera Beach à 2 miles au nord de Palm Beach, là où nous étions au mouillage hier… )
Nos neveux sont rentrés le dimanche 17 juin et pour le lundi 18 juin la météo annonçait du soleil et du vent d’est faible (7-12 noeuds), donc poussant vers la Floride. Elle ne s’était pas trompée et nous avons quitté Ocean Reef le matin pour arriver au nord de Palm Beach en fin d’après-midi. En chemin, Isa a pêché une superbe dorade coryphène que nous avons, à l’arrivée, dégusté en « ceviche » et grillée. Grand bien nous a pris de traverser ce lundi, le lendemain il faisait mauvais temps et le vent avait viré. Mais surtout, ce mardi en changeant de mouillage, un problème s’est déclaré dans le circuit électrique du moteur. C’en était trop et inutile de vous dire que
moral de l’équipage était au plus bas. On était toutefois soulagés que ceci se produise en Floride avec un atelier de réparation près de nous. Le lendemain un mécanicien était à bord et les réparations nécessaires ont pu se faire. Depuis, il pleut. Mais c’est pas mieux aux Bahamas, alors pas de regrets. A part cela le moral est bon et on se
réjouit d’accueillir nos petits enfant dans presque 2 semaines (… peut-être la pluie aura alors cessé… ).
On vous tiendra informés. Una forta abraçada.

Zab et Jo