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Bouteille à la mer – « Alter » (OVNI 435) aux Gambier

28 août 2011

Vue d’ « Alter » – OVNI 435

le 16/08/2011 – Mangareva

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Iaorana à tous,
Oui, comme le suggère la formule de salut , nous sommes en Polynésie, plus précisément aux Gambier archipel à l’extrémité sud-est de la Polynésie française à 1700km de Tahiti, 4500 de la N.Zealand, 6300 du Chili, 5700 de l’Antarctique et 16000 de Marseille.
Depuis le dernier VudAlter, le fier navire et son capitaine ont parcouru, fin avril les 1400M (2600km) séparant L’île de Pâques de Mangareva, île principale de l’Archipel Gambier. Belle navigation entre 27° et 23° sud agrémentée par le passage d’un coup de vent de sud: plus 40N de vent établi pendant 18h, de belles déferlantes (4/6m) qui au choix remplissent le cockpit ou couvrent le pont du bateau et Alter filant 6/7N avec seulement 4 m2 de génois.
Une fois de plus, belle leçon d’humilité devant les éléments pour l’équipage (un peu réduit en pareil circonstance) et quelques sujets de réflexion pour l’avenir: comment empêcher l’eau d’envahir le cockpit, empêcher les caillebotis de flotter dans la baignoire et de filer à l’anglaise, comment empêcher l’eau d’entrer dans le bateau par le moindre interstice (par ex les boîtes de dorade ou les panneaux de descente), qu’il est difficile d’affaler une grand-voile pourtant arrisée au 3ème ris lorsque 40 N de vent la plaque sur les haubans et qu’il est impossible de « monter » au vent pour la libérer, les difficultés rencontrées par le pilote électrique ou le régulateur d’allures pour barrer en pareilles circonstances…. Il faudra bien réfléchir à tout cela et trouver des solutions lorsque l’heure sera venue de se lancer dans le grand sud.
Probablement abscons et un peu technique tout cela pour les non-initiés mais les « voileux » apprécieront. Comme craint, l’escale sur Pitcairn (île refuge des derniers révoltés de la Bounty) fut impossible pour cause de conditions défavorables et c’est le 1er mai qu’Alter fait son entrée à Rikitea (village de Mangareva, principale île des Gambier).

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J. rejoint ses amours de bateau et capitaine le 28 mai au terme d’un long et fatigant voyage en avion.
Les Gambier (non il ne manque pas d’s car Gambier est un nom propre, le « les » fait référence aux îles) sont un archipel minuscule 19 M sur 15 M , composé d’un vaste lagon dans lequel se dresse une dizaine d’îles, parties emergées d’un même ancien volcan.
Quelques notions de géologie polynésienne (un peu d’indulgence, le scribouillard n’est pas géologue): un atoll est le prolongement chronologique d’une île haute d’origine volcanique; à l’issue de l’éruption, une fois le volcan éteint, l’île commence à s’effondrer en son centre sous le poids de la lave accumulée, provoquant l’apparition d’une vaste cuvette (caldeira) dont le relief va être soumis à l’érosion (vent, pluie..). Pendant ce temps les coraux poussent autour de l’île, continuant à s’élever pendant que celle-ci s’enfonce; ils finissent par créer un récif barrière encerclant de l’eau (le lagon), calme , couleur turquoise (celle des cartes postales) et le reste de l’île. En fonction des situations particulières et de leur âge on va rencontrer des îles hautes sans récif-barrière (et donc pas de lagon) comme aux Marquises; des îles dont le récif frangeant est accolé à la côte et donc sans lagon (certaines îles des Australes); des îles hautes entourées de barrière récifale et de lagon comme dans les îles de la Société (Tahiti, Moorea, Bora-Bora…); des îles totalement disparues avec seulement le récif développé, sur lequel l’accumulation de débris et de sable crée parfois des îlots (appelés Motus) sur lesquels poussent un peu de végétation et des cocotiers (plantés par l’homme), entourant un lagon plus ou moins vaste comme par exemple aux Tuamotus. Ouf! C’est fini!

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Les Gambier sont donc un vaste lagon, entouré d’une barrière souvent submergée dans lequel émerge une dizaine d’îles (vestiges de l’ancien volcan). La plus importante Mangareva, 8 km de long, culmine à 441m (mont Duff) et héberge la majorité du millier d’habitants de l’archipel, les îles de Taravai, Aukena, Akamaru et les fermes perlières installées sur le lagon hébergeant le reste.Quelques motus reposent sur la barrière dont le plus important Totegegie supporte l’aérodrome permettant de relier l’archipel à Tahiti.

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Venons en à l’histoire: les spécialistes pensent que les îles furent peuplées entre les 10 et 13 èmes, on trouve des similitudes de langage, outils, dispositions des Maraes (lieux de culte, sanctuaires traditionnels) avec les Marquises et les îles Cook; on pense également qu’elles furent un étape importante des migrations vers l’île de Pâques.

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Le capitaine britannique Wilson révèle l’existence des Gambier (du nom d’un amiral anglais) en 1797 et baptise le sommet de l’île du nom de son bateau « Duff ». Au début du 19 ème l’archipel devient une escale d’approvisionnement des navires baleiniers et de commerce de la nacre (souvent payée en alcool avec en outre le cadeau de mille et une maladies infectieuses).
Un malheur n’arrivant jamais seul débarquent en 1834 nos « chers pères » de la congrégation des frères du sacré coeur de Picpus avec à leur tête les pères (esclavagistes ou despotes seraient peut être plus adaptés) Laval et Caret qui vont en quelques années convertir toute la population, instaurer une théocratie et devenir les maîtres de l’archipel. On assiste à la destruction de tous les symboles et sites « païens » et à la construction d’églises sur leurs emplacement. Le travail plus ou moins forcé est organisé, les vestiges, coutumes, usages de l’ancienne civilisation éradiqués. Les bons pères organisent le travail pour la construction d’une cathédrale (1200 places) en 1841 et une dizaine d’autres églises, un couvent (jusqu’à 80 religieuses), monuments religieux, bâtiments administratifs, des chemins pavés sans oublier une prison. De nouvelles cultures vivrières et industrielles (notamment coton) sont introduites de façon à modeler davantage les modes de vie en conformité avec la vision coloniale et chrétienne. La population passe de 5-6000 habitants en 1834 à 463 en 1887, conséquence des maladies infectieuses introduites, des conditions de vie et de travail imposées à la population et du départ des jeunes. Cet « âge d’or de l’évangélisation » dura plus de 30 ans. A cause d’une hostilité croissante, notamment en raison de conflits avec les commerçants installés, attirés par le commerce de la nacre et des perles, le père Laval est rappelé à Tahiti en 1871. L’annexion à la France est officiellement prononcée en 1841. La vie économique et les revenus des habitants (en nombre stable à partir de cette époque) de l’archipel fluctuèrent ensuite avec le cours de la nacre pour faiblir à un niveau misérable dans l’entre 2 guerres.
Dans les années 1960 l’arrivée du « centre d’expérimentations du Pacifique » installé dans les Tuamotus (Hao, Mururoa) mais aussi aux Gambier apporta une nouvelle « prospérité »: construction d’un aéroport, de routes, d’infrastructures, beaucoup d’habitants furent employés par le CEP; le tout améliorant le niveau de vie des habitants. Cette époque reste cependant un peu controversée, beaucoup d’interrogations subsistant sur le niveau de contamination radioactive des lieux et des populations lors des tirs aériens des années 60. Des niveaux anormaux de cancers thyroïdiens ont été relevés dans les populations des Tuamotus ou des Gambier; des enquêtes sont en cours: à ce sujet, en juin était présent dans l’archipel le bateau Tara (ex Antartica pour ceux qui connaissent) avec une équipe de scientifiques à bord venue étudier, recenser les coraux et collecter des échantillons; ils disent être capables en laboratoire de retrouver des informations sur les conditions climatiques passées et notamment le niveau de radioactivité; peut être que des réponses viendront de ce côté là. Quoiqu’il en soit des procédures de prise en charge des conséquences en matière de santé sont mises en place, preuve, s’il en est, qu’il ne s’agit pas de phantasmes.
Depuis les années 70 l’économie et la vie des habitants est essentiellement tournées vers la perliculture. Cette activité a fait revivre l’archipel fournissant activité et revenus à une bonne partie de la population et faisant remonter le nombre d’habitants à un millier. Certains s’enrichissent et l’on peut voir sur l’unique route de l’archipel (une vingtaine de km) pléthore de 4×4. La perliculture, véritable industrie pour certains dont le milliardaire Wan qui possède de nombreuses fermes dans toute la Polynésie, reste le plus souvent une activité artisanale cependant très technique et demandant un soin rigoureux si l’on veut de bons résultats. Les perles de Mangareva sont parmi les plus réputées de Polynésie.

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En bref, il faut d’abord collecter des nacres en posant des cordes tressées sur lesquelles viennent se fixer les naissains; la manoeuvre suivante consiste en le détroquage de ces collecteurs: tris des nacres récupérées suivant leur taille, les plus petites étant remises à l’eau dans des paniers pour leur permettre de grandir. L’étape suivante est la plus importante: la greffe qui consiste à introduire dans les organes reproducteurs de l’huître un petit morceau de chair d’une autre huître, choisie pour la beauté de sa nacre, ainsi qu’un nucleus (bille taillée dans la coquille d’une autre variété d’huitre). La nacre est remise à l’eau dans des paniers pour 2 ans, temps nécessaire au dépôt d’une couche suffisante de nacre autour du nucleus. Tous les 3 mois les paniers sont sortis de l’eau et nettoyés au karcher pour éliminer algues, saletés, parasites susceptibles de nuire à la croissance de la nacre et à son alimentation. Au bout de 2 ans récolte des perles en gardant l’animal vivant et surgreffe; 2 ans d’attente à nouveau et récolte. Certaines huitres sont ainsi greffées plusieurs fois. Dans la nacre (comme dans le cochon) tout est bon, on récupère en fin de cycle l’animal pour le manger, la perle pour orner cou et oreilles de ces dames, la coquille pour la sculpture ou la bijouterie. La greffe est une véritable intervention chirurgicale demandant adresse, précision, concentration, asepsie, rapidité. De sa qualité dépend le succès de l’élevage. Un très bon greffeur a un taux de réussite de 80 à 90 %; ce pourcentage pouvant facilement descendre à 60 voire moins. C’est un métier fort bien rémunéré souvent exécutés par des chinois venus spécialement de chez eux pour travailler ici, peu de polynésiens sont formés à ce travail. Actuellement il semble que cette activité économique connaisse une récession en raison de méventes répétées entraînant la baisse du prix moyen au gramme ( 5/6 € le gr actuellement) des perles sur les marchés internationaux (essentiellement Japon et Chine). De nombreuses fermes perlières ont fermé sur l’ensemble de la Polynésie.
Nous voici donc aux Gambier depuis le mois de mai, 3 mois et 1/2 ont déjà passé depuis qu’Alter a planté son ancre dans la baie de Rikitea, jamais escale n’aura duré si longtemps. Pourquoi, comment?
Tout d’abord après 4500 M (presque 2 traversées de l’Atlantique) parcourus en 2 mois et enfin parvenus sur le mythique lieu de nos rêves (la Polynésie) le moment est probablement arrivé de prendre son temps.
L’évolution récente de la législation nous autorise à passer 2 années complètes en Polynésie française sans avoir à payer une taxe (« papeetisation ») d’importation du bateau d’un montant prohibitif dans le cas d’Alter. Nous avons donc décidé d’en profiter et de séjourner ces 2 prochaines années en Polynésie, ce qui ne sera pas de trop si nous voulons approfondir les découvertes et ne pas se contenter d’un simple survol des hauts lieux touristiques en courant d’un bout à l’autre du Pacifique en une seule petite année. Je rappelle que la Polynésie s’étend sur des centaines de milliers de km2 qu’il y a 2000 km entre le nord et le sud, que les Tuamotus s’étendent d’est en ouest sur 1500 km entre Tahiti et Marquises, que les Gambier sont à 1700 km de Tahiti que…, en bref ce sont 5 archipels à découvrir souvent très différents les uns des autres tant par leur géographie, leur géologie, la faune ou la flore que par les populations qui les peuplent aux histoires, langues, coutumes parfois différentes.
Nous en profitons donc pour « traîner » au Gambier. Ne croyez pas pour autant que la vie soit ici un long fleuve tranquille. Tout d’abord nous sommes maintenant en hiver avec son cortège de coups de vent de sud amenant vent, bourrasques, pluie et fraîcheur. P. et Alter se rappellent en particulier celui du 7 mai qui dans des rafales de vent de 60 N a fait déraper l’ancre et jeté le bateau sur un haut-fond, avec heureusement pas de dégât pour la coque mais beaucoup de stress pour l’infortuné capitaine. L’eau est, ou tout au moins nous paraît, bien fraîche à 20° et la combinaison est de rigueur pour les baignades prolongées.
La première difficulté en arrivant fut de trouver de l’argent; en effet la Polynésie possède sa propre monnaie le Franc Pacifique (1€= 119,33 cfp) mais pas de banque ni de distributeur automatique. Au Gambier pas de marché, seuls quelques commerces (genre épicerie de campagne, pour ceux de nos lecteurs à qui ça rappelle quelque chose) vendent des produits de base; pas ou peu de frais car pas de cultures maraichères dans l’île et encore moins d’élevage. Tous les produits consommés ici arrivent par le « Taporo », bateau venant de Tahiti en moyenne 1 fois toute les 3 semaines. Les lendemains de son passage c’est la ruée dans les commerces pour emplir les cabas des quelques carottes, patates, oignons, tomates, choux, pommes ou oranges arrivées le plus souvent dans un état plus que moyen après, parfois, un long périple depuis la Nouvelle Zélande, le Chili ou les US, le tout vendu au prix de l’or. 2 jours après il n’y a plus rien à acheter en dehors des conserves ou des surgelés. Ici on ne fait pas son menu puis les courses mais l’inverse. Le pain fabriqué dans l’unique « boulangerie » (en réalité une simple salle de travail avec pétrin et four) se commande et se paie à l’avance; il est distribué à 6h et à 16h malheur à celui qui arrive en retard, son pain aura été revendu à un autre. A l’heure où j’écris il n’y a plus de pain à la vente car le boulanger a mal géré son stock de farine; il n’en a plus ayant oublié de commander la farine pour le dernier Taporo. Même chose pour le gaz le mois dernier: le cargo ayant vendu tout le gaz qu’il transportait dans ses précédentes escales (dans les Tuamotus), il n’y en avait plus pour les Gambier. Pas de station d’essence non plus il faut commander son essence qui sera livrée en fût de 200 litres, malheur au voilier de passage qui a besoin de 10 ou 20 litres pour son petit hors-bord.
Bref vous l’aurez compris ce n’est pas ici que nous referons les stocks de provisions du bord ou les pleins de combustible. Mais la vie s’écoule malgré tout sereine et tranquille. Le plus souvent il y a une solution. D’abord la solidarité et la générosité de beaucoup d’îliens: nous n’avons pas manqué d’essence à ce jour car il se trouve toujours quelqu’un pour vous en céder une dizaine de litres, le postier refuse de changer des euros mais acceptera volontiers de vous vendre un timbre contre un billet de 50€ en vous rendant la monnaie en argent local que vous pourrez aller dépenser chez le « chinois » (nombre de commerçants polynésiens sont d’origine chinoise). D’autre part la nature reste généreuse; il est facile de s’approvisionner en pamplemousses (absolument délicieux, aucun rapport avec les horreurs acides que nous consommons en France), citrons, mangues et autres régimes de bananes que les habitants vous offrent assez facilement; il est facile de trouver des avocatiers, goyaviers sauvages. Nous apprenons à déguster les noix de coco à leur différents stades: jeune pour l’eau sucrée et parfumée qu’elle renferme; mûre pour la pulpe ou le lait qu’on obtient en pressant la pulpe râpée. Le cœur de cocotier jeune se déguste comme les cœurs de palmier, délicieux.
Nous apprenons à débusquer langoustes et cigales de mer à l’aide de lampes torches sur le platier (partie du lagon couverte de dalles de corail juste derrière la barrière récifale découvrant à marée basse) les nuits de grande marée mais nous restons indéniablement meilleur pour les déguster que pour les attraper.

Pendant les périodes de lune noire nous partons à la recherche des « sept doigts » (coquillages de la famille des strombes équivalents aux lambis des caraïbes) délicieux en sauce, salade ou beignets. Le poisson, généralement peu farouche, ne demande qu’à finir dans nos assiettes. Malheureusement la plus grande partie des espèces est intoxiquée par une micro-algue poussant sur les coraux, ce micro-organisme inoffensif pour le poisson se révèle toxique pour les humains provoquant une affection appelée cigüatera occasionnant troubles digestifs, démangeaisons (ici on l’appelle la »gratte »), fourmillements, bradycardie, troubles neurologiques…. Il faut donc soigneusement choisir les espèces à consommer, ne pas en manger trop souvent, prendre conseil auprès des habitants tout en sachant qu’eux-mêmes se trompent régulièrement. Jusqu’à ce jour nous sommes passé à travers.
Les montagnes ( collines) de Mangareva, d’Akamaru sont l’occasion de ballades variées mais jamais bien fatigantes compte tenu de la taille de ces îles. Une heure de navigation et nous voici à Taravaï dans le sud de l’archipel visitant son église ou parcourant les allées qui l’entourent, rendant visite aux connaissances.

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A l’autre bout du lagon c’est une escale de quelques jours sur le motu de Togegegie qui supporte l’aéroport; occasion de ballades à terre, de pique-niquer avec les « collègues » , de partir en pleine nuit de marée basse sur le platier à la recherche des bébêtes à antennes. Mais notre lieu favori (nous y avons passé de 2 mois) est le lagon paradisiaque d’Akamaru. Alter mouillé dans 1,5m d’eau à marée basse (vive les dériveurs intégraux) se prélasse au bout de son ancre bien enfouie dans le sable dans de l’eau véritablement transparente encaissant sans faiblir coups de Maraamu (35 N la nuit dernière et plus de 40N le mois dernier). Quand à l’équipage c’est le relâchement total: ballades, un peu de bricolage/entretien sur le bateau, chasses sous-marines, ramassage de « 7 doigts », piquenique/barbecue sur Mekiro, visite et papotages avec les amis, cuisine, pâtisseries en abondance, sans oublier bien évidemment les siestes. Dure,très dure la vie ici!
Le 14 juillet a été, comme partout en Polynésie, l’occasion de diverses festivités concentrées sur Mangareva au village de Rikitea: différents concours ou tournois sportifs; le 14 lui-même a été l’occasion de la venue de représentants du gouvernement territorial et de l’état français; discours de la « mairesse » (ici on dit Tavana); levée des couleurs avec Marseillaise et hymnes locaux; représentations de danse et de musique; et pour l’occasion un mariage le tout dans un grand méli-mélo, une ambiance bon enfant et un joyeux bazar. Le clou des festivités a été, 3 soirs de suite, les concours de danse qui ont vu s’affronter danseurs et orchestres en présence d’une bonne partie de la population de l’île dans le but de désigner les meilleurs de l’année; grande ambiance, pas de gradins, les plaisanteries (parfois salaces) qui fusent et s’échangent entre scène et public, chorégraphie basée sur de vieilles légendes mangaréviennes mais sans oublier au début et à la fin la prière (catho).

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Le poids de la religion de ses croyances et obligations reste énorme ici. La cathédrale de Rikitea(1200 places), en rénovation actuellement, sera remise en service en décembre et cela est vécu pour bon nombre de gens comme l’évènement de la décennie; les bancs ont été mis en location/réservation pour le jour de l’inauguration en présence de la hiérarchie cléricale au « modeste » prix de 335€ , ils se sont arrachés comme des petits pains. En attendant la messe fait le plein chaque semaine dans un hangar municipal où la ferveur et la participation atteignent es sommets. La radio « nationale » locale « Polynésie 1ére » (dépendant de Radio-France), sorte de France-Inter polynésien, à l’occasion de ses bulletins nécrologiques quotidiens implore la bénédiction divine sur ses auditeurs; sans parler des sectes évangéliques et autres églises réformées qui se portent à merveille en Polynésie.
Ce VudAlter est déjà bien long et pourtant il y a tant à dire. Je reviendrai, prochainement, notamment sur les méandres de la vie politique polynésienne, la nature des institutions, le statut; sur la crise économique qui secoue le pays, les alliances politiques, les magouilles, les prévarications et autres détournements de fonds… Il sera également intéressant de parler de la nature des liens familiaux qui sont parfois pour nous bien déroutants sans parler des conditions de vie de beaucoup de nos concitoyens ici qui sont bien loin des standards de métropole.
En attendant, nous continuons à couler des jours heureux; notre départ est prévu dans les jours qui viennent en direction des Tuamotus orientales puis des Marquises où devrions être à partir d’octobre jusqu’à la fin de l’année. Le retour de J. en France est prévu pour le 20 décembre, P. et Alter restant en Polynésie dans l’attente de son retour.
La bise à tous . Nana (au revoir).
J./P.