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Bouteille à la mer – « Opsis » ( OVNI 435 ) aux USA

24 juin 2012

Récit de voyage

« Opsis » – Ovni 435

Bouteillàlamer 2012-02, St Augustine, Florida (USA), 18.05.2012
Bonjour à tous, bon dia tots,
Nous sommes de retour en Floride. Nous avons quitté Deltaville le 24 avril après deux semaines de préparation d’OpSIS qui avait très bien
supporté l’hiver. Il n’y avait donc pas de grandes réparations à entreprendre si ce n’est le changement d’une jauge à mazout et des joints du dessalinisateur. De plus la coque était très propre à la fin de la croisière 2011 et le ponçage préalable à la pose d’un nouvel anti-fouling a pu être réduit au minimum. On a également remplacé l’antenne BLU qui s’était brisée en août 2010 en sortant de la marina de Fort Pierce. Coup de chance inouï, l’antenne de remplacement
achetée aux USA s’est adaptée parfaitement à la base de l’ancienne antenne ! Mais la grande nouveauté sur OpSIS cette année ça été le iPad. Génial ! Nous l’utilisons pour la cartographie dans le cockpit, indépendamment de la cartographie MaxSea sur l’ordinateur de la table à carte.

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D’une lisibilité parfaite , avec un excellent GPS et des cartes US régulièrement mises à jour par WiFI, il est extrêmement utile quand il s’agit de naviguer dans l’étroit chenal dragué de certaines zones de l’Intracoastal Waterway (ICW). Car nous avons rejoint la Floride par l’ICW, soit quelques 700 miles nautiques de canaux, de rivières et d’estuaires. On peut imaginer de rejoindre la Floride par la mer, mais il faut être particulièrement masochiste car ce sont alors 600 miles de vents (et de coups de vent) contraires, de Gulf Stream en plein dans le nez, sans compter le passage de deux caps de très mauvaise réputation: le Cap Hatteras et le Cap Fear (en français: Cap de la peur !). Donc ça été l’ICW que nous avions déjà fait en 2010 dans
le sens contraire. Soit 24 jours d’étapes comprises entre 20 et 50 miles, presque tout au moteur et avec, le soir, des mouillages en pleine nature et quelques arrêts dans des marinas (douches et ravitaillement). Après avoir descendu la baie de Chesapeake, l’entrée de l’ICW proprement-dit se fait à Norfolk. C’est, on le rappelle, la plus grande base navale militaire au monde avec, bien sûr, ses porte-avions nucléaires, leurs escorteurs, les navires ravitailleurs, les
frégates furtives, les vedettes rapides etc.. qui s’alignent le long des 5 miles de quais de la base navale . Mais il y a aussi les gigantesques chantiers nécessaires à l’entretien de toutes ces unités. En passant devant ces chantiers nous avons particulièrement été touchés par la vue de cette grosse maman grue portant son petit sur son dos !

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Tout au long de notre descente vers la Floride, nous n’avons pas eu très beau temps et même ce fut majoritairement du mauvais temps: froid et pluie en Virginie et Caroline du Nord puis une succession de forts orages en Caroline du Sud, Georgie et en arrivant en Floride. Ces orages sont très violents (la suite est à lire en écoutant le 4ème mouvement *orage » de la 6ème symphonie « Pastorale » de Beethoven): peu à peu des masses de nuages se regroupent pour former un ciel plombé, sombre et menaçant , le grondement du
tonnerre approche et, soudain, c’est l’explosion avec des éclairs partout et très proches à tel point qu’il y a souvent moins d’une seconde entre l’éclair et son tonnerre (heureusement aucun n’est tombé sur OpSIS mais parfois il s’en est fallu de peu).

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Puis c’est la pluie, des torrents de pluie qui s’abattent sur le bateau réduisant la visibilité à moins d’une centaine de mètres avec, en plus, de très fortes bourrasques de vent. Rideau de pluie, éclairs, vent, tonnerre, c’est très impressionnant mais cela dure rarement plus de 15 à 30 minutes. Puis c’est le calme avec parfois même un
rayon de soleil (5ème mouvement final de la 6ème symphonie « Pastorale » de Beethoven…), un calme dont il faut profiter
car cela recommence souvent plusieurs fois par jour… mais, en revanche, les nuits sont plutôt tranquilles. Cependant, la luminosité qui suit ces orages magnifie remarquablement les contrastes de couleurs et si, en plus, on croise à ce moment-là un bateau rentrant de la pêche le spectacle devient alors d’une rare beauté .

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Une autre raison pour emprunter l’ICW c’est qu’il s’agit là d’une véritable immersion dans l’Amérique profonde. Bien sûr on traverse quelques grandes villes dont nous vous avons déjà entretenu (Norfolk,Charleston, Savannah), mais au fil de nos haltes nous découvrons des hameaux (les gens d’ici disent des villages !) perdus au milieu des immensités désertes des marécages de Caroline du Nord et du Sud et de Georgie (on peut naviguer des jours entiers sans voir une seule habitation). L’accueil y est toujours chaleureux, bon enfant et avec une pointe de curiosité qui aide à engager la conversation. Les guides de navigation US nomment joliment ces haltes des « marinas rurales ». Les quais, où s’amarrent aussi les bateaux de pêche locaux, sont rustiques, voire branlants et le
« dockmaster » a souvent un âge canonique. Là se trouve souvent le seul bar-restaurant du conté où, le soir venu, les gens des environs viennent se retrouver en buvant forces bières en parlant et rigolant très fort ! On adore. Mais il y a aussi de petites villes pleines de charme. Parmi celles-ci nous avons particulièrement aimé Georgetown en Caroline du Sud. Une ville qui doit sa richesse au développement, dès le XVIIIème siècle, de la culture du riz et qui, maintenant, continue à prospérer grâce à deux énormes usines: une aciérie qui recycle de vieux métaux pour, en particulier, faire
des cordes de guitare et une usine de pâte à papier dont on ne peut ignorer la présence si le vent porte la fumée de ses cheminées vers la centre ville ! Une petite ville qui, chose assez rare, possède un vrai centre ville, des fontaines, une librairie, un cinéma à l’ancienne – en avril on y jouait « Les femmes du 6ème étage » et dont les rues bordées d’arbres centenaires sont absolument magnifiques .

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On s’arrête aussi de temps en temps dans de vrais marinas. Et là… on a découvert un truc: il faut s’arrêter dans des marinas qui appartiennent à des résidences de vacances. Conçues en priorité pour leurs résidents elle sont modernes, propres et même somptueuses. Le « club house » de ces marinas n’a souvent rien à envier à un club londonien, les boiseries sentent bon la cire, les fauteuils sont profonds et, s’il fait froid, le feu brûle dans la cheminée .

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Mais en plus (et surtout) ces marinas sont plutôt bon marché car leur économie ne dépend pas des bateaux de passage mais des
résidents. Mais ce n’est pas tout: les résidents sont, pour la plupart, des habitants de grandes villes de l’intérieur qui viennent y passer le week-end. S’y retrouvant le vendredi soir, ils organisent souvent une « party » pour échanger les nouvelles de la semaine ou, encore, fêter un anniversaire… et les plaisanciers de passage sont cordialement
invités, d’autant que la présence d’étrangers qui ont traversé l’Atlantique et visité Cuba sur leur frêle esquif (« Oh my god ! ») met du piment à leur réunion. Donc, voici notre conseil: sur l’ICW arrêtez-vous les vendredi soir dans les marina appartenant à des résidences de vacances, c’est pas cher, confortable et les « ribs » et la bière y sont offerts et délicieux ! Nous l’avons déjà noté à plusieurs reprises depuis que nous naviguons aux USA, une des choses qui nous ont surpris est le grand nombre de bases militaires qui parsèment continuellement notre route. Porte-avions, chasseurs et bombardiers, hélicoptères, tanks, overcrafts et bataillons de marines, rares sont les jours où l’on ne croise pas une installation militaire. Mais nous n’avions pas encore eu de sous-marins. Et bien c’est fait ! Au sud de la Georgie, au fonds de l’estuaire de Cumberland (« Cumberland Sound ») se trouve une base de sous-marins nucléaires. Et nous en avons croisé un qui regagnait sa base. Ce fut assez impressionnant. Le sous-marin était entouré de deux escorteurs et, virevoltant à toute vitesse autour des ces trois bâtiments, trois vedettes rapides des gardes-côtes en empêchaient
l’approche. Dès qu’elle a aperçu OpSIS l’une d’elles s’est précipité vers nous et nous intimé l’ordre de nous éloigner le plus possible de la route du convoi. Ce que nous avons fait… bien sûr ! Mais, pendant tout le temps où nous avons croisé le convoi, elle est restée à côté d’OpSIS mitrailleuse en batterie ! On a tout de même osé faire quelques photos !

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OpSIS va rester maintenant une semaine à St.Augustine, ville historique qui fut pendant deux siècles la capitale de la Floride du temps des Espagnols . Puis ce sera la descente vers le sud de la Floride et la traversée vers les Bahamas. C’est de là sans doute que vous parviendra la prochaine Bouteillàlamer.On vous embrasse tous,
una forta abraçada.
Zab et Jo