Bouteille à la mer – « Alter » (OVNI 435) aux Galapagos
Vue d’ « Alter » – OVNI 435
le 26/03/2011 – Pto Ayora
Buenos Dias a todos,
Et voici qu’avec le printemps européen arrivent quelques nouvelles d’Alter et de son équipage.
Nous vous avions quittés au lendemain d’un historique passage du canal de Panama et avec la confirmation qu’Alter flottait aussi bien dans le Pacifique qu’ailleurs.
Nous avons passé plus de 3 semaines dans l’archipel « Las Perlas « , ensemble d’îles, de hauts fonds dont les plus proches sont à quelques heures de navigation de Panama City (je le rappelle capitale du Panama), ce qui en fait un lieu de villégiature pour panaméens aisés avec même un petit aérodrome, sur Contadora (la plus touristique) pour leur permettre de venir passer leur week end dans les villas cossus dont l’île est couverte.
Mais à quelques milles de là, loin des baraques de nouveaux riches, façon disneyland , nous retrouvons avec bonheur les mouillages sauvages et désertiques; les fonds marins regorgent de poissons de belle taille qui font les délices de l’équipage; une nature sauvage, peu de plages mais beaucoup de rochers. De superbes paysages, de beaux couchers de soleil, un beau ciel étoilé, le ballet incessant des oiseaux autour de nous. Tout est spectacle! Nous retrouvons les joies et plaisirs de la vie à bord un peu seuls, un peu perdus, à l’écoute de notre environnement.
La navigation réclame toute notre attention surtout pour nous pauvres méditerranéens qui découvrons les marnages de plus de 5 mètres, les courants associés de plusieurs noeuds; ceci combiné au manque de cartes précises à bord. La dérive d’Alter en rapporte une encoche de plus après sa rencontre avec une roche sournoise (en pareille circonstance, elle ne peut être que sournoise!).
Quelques îles sont habitées par de tout petits villages de pêcheurs vivant dans des conditions assez miséreuses loin de toutes commodités: pas ou peu d’eau, pas ou peu d’électricité, des cultures sommaires et saisonnières, aucune infrastructure, avec comme seule ressource la pêche très artisanale.
Le temps avançant il faut se remettre en route pour rejoindre les Galapagos situées à 900M. Cette traversée est réputée hasardeuse, avec une météo variable mais le plus souvent sans vent, des courants parfois contraires dont il est compliqué d’avoir une analyse fine et fiable. Par exemple l’archipel des Galapagos est à la conjonction de 3 grands courants océaniques de sens opposés, d’intensité variable notamment suivant les saisons.
Bref l’indécision est grande dans le camp des tourdumondistes quant la tactique à adopter. Nous en avons vu faire des provisions insensées de gasoil accumulant en plus des réservoirs pleins jusqu’à 2 ou 300 litres sur le pont en jerrycans; prêts à parcourir toute la distance au moteur contre vents et courants si nécessaires.
Après avoir guetté pendant quelques jours la météo à la recherche d’un créneau favorable, nous décidons de quitter les Perlas le 1er mars. Quelques heures de moteur sont nécessaires le premier jour puis nous avons la chance de trouver vents et courants favorables jusqu’aux Galapagos. Au final Alter établit son record en 24 h avec 188M au compteur (on ne ricane pas du coté de Mefi) et sa meilleure moyenne en traversée avec 7N; les 912M sont parcourus en 5j 10H; nous verrons à plusieurs reprises la vitesse sur le fond (GPS ) atteindre les 11N. Merci vents et courants.
Arrivée donc le dimanche 6 en fin journée dans la baie de Puerto Ayora ville-village de l’île de Santa Cruz. Mythiques Galapagos, nous voici enfin !
Les Galapagos sont en partie célèbres car Charles Darwin y séjourna en 1835 et les observations qu’il y fit influencèrent ses travaux sur l’origine des espèces et la sélection naturelle.
L’archipel est constitué de 19 îles, 43 îlots et de nombreux récifs, le tout à 1000 km du continent, pratiquement sur l’équateur. Climat tropical influencé et tempéré entre autres par les courants marins dont celui, froid, de « Humbolt » qui remonte depuis l’antarctique le long des côtes d’amérique du sud, la situation des îles et leur altitude. L’ensemble est d’origine volcanique: les îles ont de 700 000 ans à 3/4 millions d’années. Certaines ont des volcans toujours actifs; si l’on prend en compte la nature des laves, la dérive de la plaque Nazca, le type »hawaïen » des volcans …. tout cela devient très complexe et dépasse les compétences du pauvre scribe (voir le net pour plus d’infos).
Les îles étant d’origine volcanique, la vie est arrivée depuis le continent par la mer (long voyage), ce qui explique la prédominance des oiseaux, mammifères marins et reptiles. Chaque espèce, débarquant et devant s’adapter aux nouvelles conditions de vie, s’est donc transformée ou a disparu. Exemple célèbre est celui du « pinson de Darwin » dont il existe 13 espèces différentes probablement issues d’un ancêtre commun ayant chacune des caractéristiques différentes pour s’adapter à chaque condition locale. Ainsi de transformations en transformations des espèces nouvelles sont apparues, ont pu se développer facilement car sans prédateurs (car coupées du reste du monde) et sans compétition avec d’autres espèces.
Même s’il semblerait que des populations indiennes (originaires du continent) soient passées sur les îles, la véritable découverte de l’archipel est attribuée à l’archevêque de Panama, par hasard en 1535. Les Galapagos sont longtemps restées un repaire de flibustiers, boucaniers qui commencèrent le massacre des tortues géantes après avoir découvert qu’elles se conservaient très bien durant de long mois sans boire ni manger à fond de cale, leur servant ainsi de réserve de nourriture.
L’état équatorien prit possession de la zone en 1832. On y amena des esclaves, qui se révoltèrent; une île servit de bagne où l’on tuait les détenus à la tâche et sous les coups de fouet; en 39-45 les américains y installèrent une base stratégique pour la défense du canal de Panama. Après l’établissement de lignes aériennes régulières dans les années 60 ce fut le boom touristique, cette industrie devenant la principale activité économique des îles et même si, ici comme ailleurs, l’essentiel de la manne retombe à l’extérieur de l’archipel le niveau de vie des habitants est supérieur à celui de ceux du continent
Depuis quelques décennies de grandes manoeuvres ont été entreprises pour sauver ce qui pouvait l’être. L’introduction par les hommes de nouvelles espèces comme rats, chiens, cochons, chats, chèvres redevenus à l’état sauvage et se développant à la vitesse V, a provoqué des dégats considérables: les uns mangeant les oeufs et petits des espèces endémiques, d’autres provoquant l’érosion des sols par consommation de la végétation ou se mettant en concurrence avec les espèces endémiques pour la nourriture. Donc on a créé des zones protégées, décrété la zone réserve marine, classé l’archipel au patrimoine naturel de l’humanité, encouragé la recherche…. Avec pour conséquence des mesures telles que l’extermination d’espèces de rats, de chèvres, reproduction protégées d’espèces menacées, réintroduction d’espèces disparues sur certaines îles….Tous les dégâts n’ont pu être réparés mais la situation s’est grandement améliorée. Des débats traversent la population entre les partisans de la protection totale (par exemple ceux qui vivent du tourisme) et les agriculteurs,éleveurs qui aimeraient avoir plus de liberté.
On vient donc aux Galapagos pour sa géologie, ses champs de lave déchiquetée, lisse ou plissée, ses volcans, ses plages de sable blanc, rouge ou noir.
On y vient pour sa flore.(bof! NDR)
Mais surtout on y vient pour sa faune: les oiseaux partout dans les airs, sur terre, sur mer et même sous l’eau: frégates, cormorans, pélicans, mouettes, manchots, albatros, fous de toutes sortes abondent, c’est un ballet permanent autour du bateau, sur toutes les côtes;
les mammifères marins avec, outre dauphins et baleines, les otaries omni-présentes y compris jusque sur les débarcadères ou dans le cockpit d’Alter;
les iguanes marins et terrestres, les tortues terrestres petites ou géantes; les tortues marines et bien sûr sous l’eau abondance de poissons de toutes sortes, de raies, de requins, le tout pouvant se contempler, s’admirer ou se craindre avec pour tout équipement un masque et un tuba.
Animaux abondants, peu farouches, d’espèces souvent endémiques et donc rares, cela explique pourquoi les touristes du monde entier se précipitent sur les Galapagos.
En ce qui nous concerne, outre la fascination , elles se trouvent sur notre chemin; nous nous y arrêtons donc mais ce n’est pas si simple. En bref: pour s’arrêter et mouiller dans la baie de Santa Cruz et y séjourner 20 jours (maximum autorisé) sans avoir le droit d’en sortir, il nous a fallu débourser 365 dollars; pour aller d’îles en îles, de mouillages en mouillages à la découverte des merveilles du lieu il faut en outre acheter un permis de croisière pour quelques centaines de dollars de plus (critères de calcul très très flous) et surtout débourser 350 à 400 dollars par jour de croisière, ce tarif incluant la présence à bord d’un guide officiel qu’il faut en outre, évidemment, loger et nourrir. Nous n’avons d’autre choix que de rester sur place et de nous contenter des simples possibilités touristiques locales.
En réalité, pas tout à fait. Sans trahir de grands secrets de couple, en éternel ministre du budget de notre couple , j’avais, devant les tarifs hallucinants pratiqués lors de notre précédent voyage en Equateur, botté en touche en promettant: »Nous visiterons les Galapagos lors de notre tour du monde en voilier, ma petite reine ». Il a donc fallu s’exécuter; Madame est partie pendant 1 semaine sur un bateau de croisière à la visite des îles et de leurs merveilles, Monsieur restant sur place pour veiller sur Alter (et préserver le budget). Elle en est revenue, éblouie, les yeux brillants de bonheur, des centaines de photos en poche et ne se tarissant pas d’éloges sur le capitaine du bateau (décidément cette femme a un faible pour les capitaines). Il vous suffira de l’inviter à diner pour en savoir plus.
Notre séjour aux Galapagos est donc achevé.
Alter part lundi matin pour l’île de Pâques, puis Pitcairn et enfin les Gambiers (polynésie française); Longue navigation pas forcément très facile mais une autre belle aventure.
Je finis en poussant quelques petits grognements:
Ça me fait râler qu’on ne puisse envisager une découverte des Galapagos à moins de 4000€ au départ de l’europe; toujours la selection par le fric.
La bise à tous. Hasta luego.P/J