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Bouteille à la mer – « Opsis » ( OVNI 435 ) aux USA

26 septembre 2011

Récit de voyage

« Opsis » – Ovni 435

Bouteillàlamer 2011-09, Deltaville, Virginia VA (USA), 23.09.2011
Bonjour à tous, bon dia tots,
Nous sommes arrivés à Boston le 17 août et, là, une surprise nous y attendait. Dans le mouillage qui, comme à New York ou à Baltimore, est en plein centre ville deux voiliers Alubat attendaient OpSIS, un Ovni 435, comme OpSIS, et le Cigale 16 qui avait appartenu à Philippe Chevallier, le directeur de la marina du Bas du Fort à Pointe-à-Pitre avec lequel il avait remporté en 2006 la Route du Rhum dans sa catégorie !

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Une rencontre étonnante car il est très rare de voir des bateaux en aluminium aux USA et, encore plus, un Alubat, comme OpSIS, alors deux !
Boston est une ville où l’influence britannique se fait bien sentir. Les maisons en briques rouges, le gazon impeccable des parcs et le parler châtié des bostoniens nous le rappellent à chaque instant. Boston est une ville à taille humaine où il fait bon se promener à pied, ce que nous avons fait. Nous avons particulièrement aimé le quartier de Beacon Hill qui a été le premier endroit aux USA où une petite bourgeoisie noire a pu se développer, et ceci dès la fin du XVIIIème siècle.
Car, en effet, non seulement le Massachusetts ne pratiquait pas l’esclavage mais, de plus, il était la destination des noirs du sud qui cherchaient la liberté. Particulièrement bien préservées, les rues « black heritage » de Beacon Hill respirent une atmosphère tranquille avec de belles maisons dont plusieurs ont été la résidence des premiers citoyens noirs américains célèbres .

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C’est là aussi que s’élève la première église bâtie pour et par les noirs aux Etats-Unis. Mais nous nous sommes aussi échappés de Boston pour visiter la région vallonnée des « Bergshires » dans l’arrière pays. C’est là que se tient chaque été le festival de musique de Tanglewood qui est aussi la résidence d’été de l’Orchestre Symphonique de Boston. Nous avons assisté à deux superbes concerts, le premier où Christoph von Dohnanyi dirigeait Schoenberg, Schumann et Beethoven et le second où John Williams dirigeait ses musiques de film (La Liste de Schindler, La Guerre des Etoiles, etc.) avec Morgan Freeman comme récitant. A Tanglewood, jusqu’à 5’000 personnes peuvent assister aux concerts, la moitié à l’intérieur d’une salle circulaire ouverte sur une vaste pelouse où les autres spectateurs s’installent pour la soirée en apportant chaises pliantes, couvertures et pique-nique .

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L’ambiance est bon enfant, le public enthousiaste mais pas toujours très averti. Ainsi il a fait une ovation au pianiste qui a massacré le concerto de Schumann en le jouant très fort et très vite tandis que l’exécution poétique et toute en finesse de la symphonie de chambre de Schoenberg n’a reçu qu’un accueil poli.
De Boston nous sommes aussi allés à Salem à une cinquantaine de Km au nord. Salem a été un port important mais est surtout connu à cause de ses « sorcières ». En 1692 plusieurs femmes furent prises de convulsions à la suite de quoi 300 personnes furent accusées de sorcellerie et 19 d’entr’elles furent pendues. On sait maintenant que ces troubles étaient dus à la maladie de l’ergot de seigle ou « mal des ardents ». Arthur Miller fit de sa pièce « Les sorcières de Salem » (en anglais « The crucible ») un plaidoyer contre l’obscurantisme et l’intolérance, en particulier, contre le maccarthysme qui sévissait aux USA dans les années 1950. Un plaidoyer toujours d’actualité du fait de l’émergence de la droite dure et bigote du parti démocrate, prête à tout pour gêner ou même salir Obama et éviter sa réélection. Salem est maintenant une ville triste où de pathétiques fausses sorcières essayent d’attirer le touriste dans la rue, où les boutiques proposent chapeaux pointus et tenues d’Harry Potter tandis que, dans le port, désormais abandonné et transformé en musée, ne règne plus qu’un lugubre parfum nostalgique.

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Après ces quelques jours à Boston et ses environs, OpSIS a pris la route de retour. Nous avons eu alors le plaisir de recevoir successivement deux couples d’amis. A New Bedford, nous avons vécu l’ouragan Irene . L’ avant-veille d’Irene nous étions aller allés visiter la ville de Newport qui est considérée comme une des capitales de la voile des USA. C’est là, en particulier, qu’arrive la Transat anglaise en solitaire que Tabarly a remporté à deux reprises. Mais Newport est également la villégiature des millionnaires de la Nouvelle Angleterre qui s’y sont fait construire de luxueuses résidences .

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Après la descente le long de l’estuaire de Long Island ,nous sommes retournés à New York avec, en plus, le plaisir d’y retrouver nos nouveaux amis newyorkais . La remontée de l’Hudson vers le mouillage de la 79ème rue s’est faite suberbement sous génois seul . La construction de l’immeuble qui doit remplacer les tours jumelles du World Trade Center est bien avancée. Il est prévu que, terminé, il mesure 1776 pieds de haut (541m – les tours jumelles faisaient 410m), 1776 étant la date de la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis. Une des conséquences les plus graves de l’ouragan Irene a été les pluies diluviennes qui se sont déversées sur le nord-est des Etats Unis provoquant de fortes inondations. Les cours d’eau ont débordé puis, après, se sont mis à charrier limon et débris. Ainsi pendant ce second séjour à New York, dans la mouillage de la la 79ème rue, l’eau de l’Hudson avait des allures d’Amazone .

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Mais le pire que nous ayons rencontré par la suite a été la grande quantité de bois flottants (du tronc d’arbre à la planchette) qui a rendu délicate, voire dangereuse, la navigation dans les baies de Delaware et de Chesapeake. Une navigation qui nécessitait une veille de tous les instants ce qui n’a pas empêché OpSIS de toucher, sans gravité, quelques morceaux de bois. Ceci, ajouté à la présence habituelle des casiers à crabes et des bouées de filet, a donné à cette dernière partie de notre voyage un petit air de slalom spécial ! Dans ces conditions, la navigation à la voile est encore plus délicate car le génois masque ce qui se trouve en avant du bateau sur le bord où il se trouve. C’est alors que nous avons compris pourquoi tellement de voiliers naviguant dans ces eaux sont équipés d’une voile de type « yankee » dont la bordure remonte permettant ainsi une vue dégagée vers l’avant. Bien sûr, dans ces conditions, il est dangereux de naviguer de nuit. Le 12 septembre, nous sommes arrivés après le coucher du soleil dans le canal qui relie les baies de Delaware et de Chesapeake et avons pu nous arrêter juste avant la nuit dans une marina riveraine. C’est avec la photo des dernières lumières du jour sur le canal que nous allons refermer cette Bouteillàlamer.

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Dans la prochaine Bouteillàlamer nous vous parlerons de notre descente de la Baie de Chesapeake, du retour à Deltaville où nous allons de nouveau laisser OpSIS pour l’hiver et, peut-être aussi, de nos projets pour l’an prochain.
En attendant, on vous embrasse tous, una forta abraçada.
Isa et Jo